La haine.
Titre : Gnossienne No 1 - Erik Satie
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La révolte ce fruit amer,
qui toujours naît d’une colère sourde, un orage enroulé dans la gorge,
une baie sauvage au noyau aussi dure qu’un sucre d’orge,
Gage d’une absurdité qui s’épuise en convulsions vaines et stériles,
Et masque la maladroite brutalité d’une déprime pleine et hostile,
Qui consume le vide d’une mer morne déjà aride.
*
Ses racines s’infiltrent sous les pavés austères,
Et ses branches sont des cris qui déchirent le ventre,
Des matins lourds de nuits étouffées dans l’encre,
Qui font peser l’air à en changer l’homme en père.
*
Je l’ai vue mordre l’aube, cette révolte-sirène,
Transformer le sang en acide et les rêves en goudron.
Elle promettait des feux, mais n’a laissé que des braises,
Où même l’espoir, parfois, se change en verre,
Où l’on se blesse les poings, croyant saisir l’éclair.
*
Père tu disais, « La rage est un marteau sans clou »,
Mais moi, je les ai forgés à la sueur de mes doutes,
Chaque cicatrice est une syllabe de ce chant rauque,
Qui râle encore au fond des puits, et je compte les étoiles
Mortes dans mon café; leur leueur était un leurre.
*
Touché au cœur, devenu pierre,
Je me demande, au creux de ma peine,
Si elle valait tant d’efforts et de prières.
Enfant du pus et du venin je suis la haine.
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Johnattan

